LIVRES
Il existe assez peu de livres sur l'Immobilier. Voici six contributions qui méritent le détour : André Yché livre une analyse fournie et philosophique, Robin Rivaton propose une vision futuriste, Jean-Marc Torrollion raconte les coulisses d'un système à travers une vision de syndicaliste, Michel Carmona raconte l'histoire d'Haussmann, Guillaume Poitrinal défend une vision non décroissantiste piquante vis à vis des "boomers" et Sébastien De Lafont dévoile les arcanes d'une histoire entrepreunariale hors norme.
Logement, Nouvelle donned'André Yché (2015)
Une contribution à la réflexion sur le secteur du logement qui dévie vers un essai philosophique, sociologique et économique. Très riche en citation et analyse, la lecture est passionnante mais le lecteur pourra se perdre sur la question du logement. L'ouvrage se décompose en deux chapitres majeurs : les transitions économiques et les mutations sociétales. La conclusion, assez hermétique, évoque pour finir Gramsci :
qui ne cessa de répéter que toute avancée économique et sociale est toujours précédée d'une percée intellectuelle. Cette règle d'or vaut pour l'habitat, comme dans bien d'autres domaines.
Le livre a été publié en 2015, en 2023 la percée se fait attendre.
L'auteur
Ancien pilote militaire diplômé de l’Ecole de l’Air, André Yché a été contrôleur général des armées. Licencié en droit et en administration publique, il est diplômé de l’IAE.
Il a présidé durant une vingtaine d’années la filiale d’habitat de la Caisse des Dépôts, CDC Habitat (ex SNI), dont il a fait l’outil central de la politique du logement.
L'immobilier de demain de Robin Rivaton et V. Pavanello (2020)
FinTech, FoodTech, MedTech… La révolution numérique et son lot d’innovations ont grignoté tous les pans de l’économie. Dans ce tsunami digital, l’immobilier a longtemps semblé épargné.
Pourtant depuis plusieurs années, une vague d’innovations a déferlé. Les nouveaux modèles d’affaires s’appuient sur des changements structurels de la part des locataires, propriétaires ou investisseurs qui souhaitent désormais de la transparence et de la flexibilité. Ils ne se concentrent plus dans les grandes métropoles, ils ne sacralisent plus l’immobilier. Des entreprises ont défrayé la chronique, certaines ont acquis des parts de marché importantes, d’autres se sont brûlé les ailes. Mais ce serait une erreur d’imaginer que ces échecs ont entraîné un retour en arrière.
Ce livre accessible fourmille d’exemples concrets pour les professionnels, étudiants ou particuliers.
Les auteurs
Robin Rivaton avec Vincent Pavanello
Biographie d'Haussman de Michel Carmona (1999)
C'est en 1853 que Napoléon III nomme à l'Hôtel de Ville un administrateur qui a déjà prouvé son efficacité dans plusieurs préfectures, à Bordeaux en particulier, et dont le nom va devenir le symbole de la modernisation de Paris.
En quinze ans à peine, Haussmann mène à bien la gigantesque mission que lui a confiée l'empereur : transformer une capitale trop indocile et en faire une métropole prestigieuse. Le préfet de la Seine se révèle vite l'homme de la situation. Alors commence la grande fête impériale, des dizaines de chantiers s'ouvrent dans la capitale. On détruit des milliers de maisons, on perce de larges boulevards rectilignes le long desquels s'élèvent des immeubles bourgeois, et l'on construit des mairies, des théâtres, des églises, mais aussi des jardins publics, des conduites d'eau et de gaz.
Energique, autoritaire, cynique, pas toujours très regardant sur les moyens, le préfet de la Seine est loin de faire l'unanimité. Le climat de spéculations et d'affairisme lui vaut le surnom de Haussmann Pacha. Certains lui reprochent aussi de chasser les ouvriers et les pauvres, d'autres de ne pas se soucier du patrimoine architectural.
Mais l'haussmannisation fait école à Lyon, Marseille, Rouen, Toulouse, Avignon. Et sous la Troisième République, quelques années après l'éviction du baron, Jules Simon, son ennemi d'hier, lui rend hommage :
Peu nous importe aujourd'hui que les comptes de M. Haussmann aient été fantastiques. Il avait entrepris de faire de Paris une ville magnifique et il y a complètement réussi... Son oeuvre était au moins aussi fanatique que ses comptes.
A savoir : les expropriations opérées par Haussmann (60% de la superficie de Paris) suivies par la démolition de 60% du bâti (18 000 bâtiments sur 30 000)
Pour en finir avec l'apocalypsede Guillaume Poitrinal (2023)
« Nous n’avons plus le choix. La planète se réchauffe à cause de l’activité humaine. Il y a urgence à se remettre en question pour éviter le pire. Faut-il pour autant renoncer au progrès social et économique ? La décroissance sauvera-t-elle la planète ? L'auteur souhaite démontrer le contraire. "Les dégâts de la mondialisation sont immenses. Mais je crains encore plus les effets de la pauvreté". Une vision positive avec des exemples d'initiatives exemplaires.
On retiendra un constat sans concession sur les "Boomers" :
C’est ainsi que, à l’inverse de leurs parents qui se distinguaient par une existence frugale et prévoyante, les boomers sont devenus des gloutons qui dévalisent les hypermarchés, se suréquipent de vêtements à la mode, d’électroménager, d’automobiles et plus récemment d’écrans numériques. (...) Pour finir, ma génération ne laissera pas seulement aux générations suivantes 600 millions de chats et une planète abîmée par toutes sortes de pollutions et de déséquilibres. Le passif ne sera pas uniquement écologique. Il sera aussi financier. Le boomer léguera à ses héritiers un endettement considérable. Il faut comprendre que nous tenons là un consommateur vorace et compulsif. Et quand ses ressources financières se trouvent limitées, en raison par exemple de son appétence décroissante pour le travail ou d’une croissance économique en berne, il n’hésite plus. (...) La faute touche particulièrement notre époque moderne. Six des sept péchés capitaux constituent le quotidien du boomer glouton qui dévore aujourd’hui la planète : la gourmandise, la luxure, l’envie, la paresse, l’avarice et l’orgueil. Reste la colère, qu’il exprime néanmoins, sans retenue, quand la société ne lui donne pas les moyens de se livrer correctement à la commission des six autres péchés.(...)Faut-il y voir à nouveau la patte de nos amis les boomers ? Cette génération a saccagé le monde avec les émissions de CO2 et la pollution des océans. Elle a mis en place des marchés financiers mondialisés et une monnaie, l’euro, qui lui permettent un tirage presque illimité sur la dette publique. Elle consomme ainsi à crédit sur le dos de la génération suivante, à laquelle elle laissera en héritage une dette colossale et des infrastructures vieillissantes. Mais cela ne suffit pas. Une fois installés, ces mêmes boomers, au motif d’écologie, sont désormais « décroissantistes » ! Ils retirent l’échelle à la génération suivante, tout en confortant la valeur de leur rente. Existe-t-il une limite à leur égoïsme
L'auteur
En 2016, Guillaume Poitrinal a quitté le statut envié de plus jeune patron du CAC40 pour créer une start-up qui révolutionne la construction et l’immobilier en remplaçant le béton par du bois massif. Acteur la transition écologique, il livre ses réflexions sur un débat qui peut faire basculer le monde d’un côté ou de l’autre. Un plaidoyer lucide d’un entrepreneur qui a choisi de mener de front écologie et croissance
Cinq ans à agir pour le logement de Jean-Marc Torrollion (2022)
L'histoire d'un mandat très riche de 2018 à 2022 avec en 2018, la conférence Consensus sur le logement au Sénat (Loi Elan, évolution du logement, de l'aménagement et du numérique promulguée le 23/11 qui reconnait spécifiquement la dénomination des agents immobiliers) puis la crise des gilets jaunes, en 2019 la réforme de la copropriété par voie d'ordonnance et la sortie du rapport Nogal, en 2020 la crise du Covid, en 2021 l'adoption de la loi Climat et Résilience. Des positions intéressantes la question de la représentativité syndicale.
L'auteur
Juriste de formation, Jean-Marc Torrollion a intégré puis racheté l'entreprise familiale d'administration de biens et syndic, à Grenoble, dont il a poursuivi un développement continu en Rhône-Alpes, jusqu'à bâtir le vingtième cabinet d'administrations de biens de France. En parallèle, il a mené un parcours syndical au sein de la FNAIM puis en est devenu Président national de 2018 à 2022.
On voit bien que vous n'y connaissez rien !de Sébastien de Lafond (2020)
Personne ne les a vus venir. Pourtant, en douze ans, ils sont passés de quatre à trois cents collaborateurs et ont fait de Meilleurs Agents un poids lourd de l'immobilier.
En cassant de nombreuses règles, en utilisant la data, la science, et en faisant preuve d'audace et de malice, ils se sont imposés dans un marché qui ne voulait pas d'eux. Ce sont les étapes de cette aventure que raconte le livre, depuis la vision initiale jusqu'au rachat par le groupe Axel Springer et enfin l'internationalisation.
L'auteur
Sébastien de Lafond, ancien banquier d'affaires, a créé Meilleurs Agents en 2007. En 2019, il a rendu la société au groupe Se Loger pour 200 millions d'euros alors que son chiffre d'affaires s'élevait à environ 20 millions d'euros.